Contrefaçon : méfiez-vous du bling-bling !

La contrefaçon est l'ennemi des grandes maisons horlogères. Mais au-delà des montres neuves elle touche aussi les modèles de collection.

Laurence Neuer

Contrefaçon : méfiez-vous du bling-bling !
Contrefaçon : méfiez-vous du bling-bling !

Temps de lecture : 3 min

"Que faut-il craindre d'une Breguet Type XX équipée d'un cadran flambant neuf et d'un faux mouvement 7750 sortie tout droit de l'usine ? Rien, c'est une fausse et cela se voit au premier coup d'oeil. Sa provenance est probablement la Chine ou un pays voisin", note Fabrice Guéroux, spécialiste des contrefaçons de montres et auteur de Vraies et fausses montres (éditions Watch Print). 65 % des contrefaçons proviennent d'Asie et les saisies de montres, qui représentent 1,6 % des contrefaçons, ont augmenté de 111 % sur 2012. Ces chiffres ne reflètent toutefois que la partie visible d'un marché qui rapporterait plus d'un milliard de dollars par an à ses bénéficiaires.

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Fausses montres "anciennes"

Par chance, la plupart des contrefaçons sont grossières. Comme cette "Rolex" dernier modèle vendue à 50 euros sur les marchés ou cette Chanel en céramique proposée sur Internet à un prix tout aussi attractif. "Rien n'est commun avec la montre d'origine", soulignent les spécialistes. "La qualité de l'acier et du cadran est différente, cela saute aux yeux et se ressent immédiatement au toucher", détaille Christian Odin, dirigeant de Cresus, spécialiste des ventes et achats de montres et bijoux neufs et d'occasion de marque de luxe. Et ce qui est évident pour l'extérieur l'est encore plus pour l'intérieur."

Ce type de contrefaçon s'adresse plus spécifiquement au grand public et est écoulée dans le cadre d'une "distribution internationale massive de montres en tous genres, principalement fabriquées en Asie et distribuées par des organisations criminelles", précise Fabrice Guéroux. Autre contrefaçon grossière : celle des montres dites "anciennes" proposées en Asie. "Il s'agit en fait de montres neuves fabriquées sur le modèle de montres anciennes, donc identifiables au premier coup d'oeil", souligne Fabrice Guéroux. Pour "coller" à l'original, les contrefacteurs poussent le vice jusqu'à falsifier l'emballage et les papiers d'origine, ce qu'un oeil néophyte peut toutefois assez facilement deviner. Mais, rassure le spécialiste, "vous ne verrez jamais ce type de pièce dans une vente aux enchères ou chez un professionnel de la montre ancienne".


Montres de collection : méfiance, la confiance règne !

Le monde feutré des collectionneurs n'en est pas moins exempt de risque. Tout d'abord parce que la fausse "vintage" n'est pas décelable au premier coup d'oeil. Ensuite, parce que, sur ce marché, le mot d'ordre est la confiance. "Les pièces s'échangent sans véritablement passer de contrôle ou de test pour savoir si elles sont vraies ou fausses, décrypte Michel Arnoux, chef du service anti-contrefaçon de la Fédération horlogère suisse (FHS). À partir du moment où la pièce est dans le circuit des collectionneurs et des experts, elle est supposée vraie et, même mieux, elle a une valeur supérieure aux autres." Enfin, sur ce marché relativement restreint, les méthodes de contrefaçon évoluent aussi rapidement que les pièces. "Le mouvement, le cadran, le design et même les matériaux utilisés sont parfois fidèlement reproduits, observe Michel Arnoux. C'est presque par hasard que l'on découvre les contrefaçons."

Alors, que faire si la Breguet Type XX présente un magnifique cadran aux index bien patinés et un calibre à l'aspect ancien, et que, de surcroît, elle tourne "comme une horloge" ? L'acheteur se dit : "C'est peut-être la meilleure affaire que je ferai jamais", mais "si elle est fausse, j'y laisse plus de 10 000 euros...?" Fabrice Guéroux découvre au quotidien avec quelle facilité des acheteurs se font escroquer en pensant acheter la pièce rare. Quel passionné de montres anciennes n'a pas rêvé d'une Rolex ayant appartenu à Elton John ou à Bill Clinton, a fortiori si le vendeur lui remet un document signé de la main de ladite célébrité ? "Le chaland est le plus souvent trompé par des papiers et certificats fournis par le vendeur et certifiant que l'objet provient d'untel, ou encore par certains détails faisant de la montre une pièce rare", précise Fabrice Guéroux. Si un oeil néophyte est à même de dénicher l'anomalie grossière, telle qu'un élément en plastique ou un acier neuf, "seuls les experts sont capables de voir si le boîtier est refait ou non", prévient Romain Réa, expert auprès de l'Union française des experts et responsable du département horlogerie chez Artcurial.